- Speaker #0
Bienvenue dans les énergies scolaires, épisode 181.
- Speaker #1
Extra classe.
- Speaker #2
Émilie Roger, professeure de SVT au Collège de la Largue à Sépois-le-Bas, au sud de Mulhouse, en Alsace. J'ai un projet de conseil de classe participatif où les élèves interviennent dans leur conseil.
- Speaker #0
L'école, on en parle beaucoup, mais est-ce qu'on l'écoute vraiment ? Les énergies scolaires.
- Speaker #2
En tant que professeure de SVT, on participe à de nombreux conseils de classe, puisqu'on a beaucoup de classes, et donc du coup, je ne me sentais pas utile durant un conseil de classe. C'est souvent le professeur principal qui intervient avec le chef d'établissement ou le CPE, et nous finalement, on assiste à cette lecture d'appréciation globale, et il y a très peu d'échanges pédagogiques et très peu d'échanges autour des compétences de l'élève. Et puis il y a autre chose, c'est le fait qu'un jour, quand j'ai demandé à un de mes élèves s'il avait eu lu les conseils que je lui avais donnés dans son bulletin, il m'a répondu qu'il n'avait pas lu le bulletin. Et là, je me suis dit, mais comment finalement transformer un conseil de classe classique en quelque chose qui pourrait être utile à l'élève, où l'élève pourrait s'engager dans son évaluation de son parcours et pouvoir s'asseoir dessus pour progresser. Avant les conseils de classe, on établit trois à quatre séances. Alors, je les utilise en devoirs faits ou en heures de vie de classe. où on va préparer l'élève de différentes manières, notamment de manière assez globale, où on présente ce qu'est une compétence, parce que nous on le fait en sixième, donc il faut apprendre à l'élève ce qu'est une compétence et comment on l'évalue. Et finalement, selon le niveau de maîtrise de la compétence, il va falloir expliquer à l'élève comment on fait pour atteindre le meilleur niveau de maîtrise. Et donc du coup, l'élève doit se positionner sur ses différentes compétences. Et après, on leur fait construire leurs remarques, leurs bilans, avec leurs points forts et leurs... points à améliorer pour la prochaine fois. Et ils font cette présentation-là pendant le conseil de classe participatif. Concrètement, un conseil de classe, ça commence par 15 minutes de plénière avec un bilan global fait par les élèves délégués, puis par moi, professeur principal. Et puis après, on se divise en deux équipes bien équilibrées, pôle scientifique et pôle français. Quand on a des classes de 30, on a à peu près 15 élèves à faire passer. Je donne rendez-vous à des élèves et pendant 7 minutes, ils vont pouvoir faire leur bilan. Donc un conseil de classe participatif dure en tout entre une heure et demie et une heure quarante-cinq.
- Speaker #3
Je travaille suffisamment, je pense, pour m'investir au maximum.
- Speaker #2
Tu m'as même dit que tu travaillais beaucoup.
- Speaker #3
J'ai eu plus de difficultés à mémoriser. L'histoire géant encore un petit peu, j'avais quand même du mal encore à tout comprendre.
- Speaker #4
Mais c'est vraiment la compréhension le problème ou c'est plutôt la mémorisation de certaines connaissances ?
- Speaker #3
J'ai du mal à redire ce que j'ai appris.
- Speaker #2
Ce qu'il faut savoir c'est qu'il n'aime pas l'école. En fait, il fait d'énormes efforts pour réussir sans avoir forcément la motivation derrière. Ça je trouve que c'est une super fierté de travailler autant.
- Speaker #3
C'est qu'en fait, il y a des trucs qui ne m'intéressent pas par rapport à mon orientation que j'aimerais bien avoir. L'agriculture.
- Speaker #1
Le chapitre sur les paysans au Moyen-Âge, il pouvait quasiment faire court à un place.
- Speaker #2
Bravo pour tout ton travail. J'ai obtenu un diplôme en neuroéducation il y a quatre ans et en parallèle, je m'étais auto-formée grâce à l'association Apprendre et former avec les sciences cognitives, qui est une association agréée par l'Éducation nationale, qui donne des pistes pour pouvoir justement appliquer en classe des méthodes pédagogiques liées avec les sciences cognitives. Donc l'objectif, c'est de former l'élève sur son cerveau, comment est-ce qu'il apprend, comment est-ce qu'il mémorise, comment est-ce qu'il est attentif, et puis d'avoir des outils. Pratique, nous, en tant qu'enseignants, sur, finalement, l'élève peut mémoriser grâce à tel ou tel outil ou peut être attentif grâce à tel ou tel outil. Et donc, dans ce cadre-là, on forme les élèves à leur métacognition, c'est-à-dire, finalement, on a une activité, comment tu te situes par rapport à cette activité, est-ce que c'est facile, difficile, et si c'est difficile, qu'est-ce que tu pourrais faire, quelle aide tu pourrais demander pour, justement, atteindre tes objectifs. On est trois professeurs principaux et l'année prochaine, quatre professeurs principaux à adhérer totalement et à mettre en place ce type de conseil de classe parce qu'on y voit vraiment une plus-value. Après, dans tout ce qui est autres collègues, il y en a qui n'apprécient pas forcément, mais plutôt pour des questions d'organisation, parce que c'est vrai que ça prend beaucoup de temps à mettre en place. Rarement, il y a une différence entre l'auto-évaluation et le bulletin. Les élèves sont assez conscients de comment ils sont et c'est très très proche de leur auto-évaluation.
- Speaker #5
Comment s'est passé ton semestre ?
- Speaker #2
Est-ce que c'était difficile pour toi ?
- Speaker #6
Oui, dans certaines matières.
- Speaker #2
Quelle est ta fierté de cette année ?
- Speaker #6
Je suis fière d'avoir réussi à m'organiser pour réviser pour les contrôles. De ne pas avoir baissé les bras alors que c'est difficile pour moi.
- Speaker #2
Quels points sont les plus difficiles pour toi ?
- Speaker #6
Les mathématiques.
- Speaker #2
En mathématiques, c'est quoi qui est difficile ?
- Speaker #6
C'est les exercices et les évaluations.
- Speaker #2
Est-ce que tu as des copains dans ta classe pour t'aider ?
- Speaker #6
Oui.
- Speaker #2
Quand eux, ils t'aident, est-ce que tu arrives mieux à comprendre ?
- Speaker #6
Oui, un petit peu.
- Speaker #2
Un petit peu ? Donc c'est mieux de travailler avec les copains peut-être pour t'entraîner sur les exercices alors ?
- Speaker #5
Je ne sais pas, moi je peux aussi lire en langue. peut-être l'évolution, je t'ai trop Je me trouvais très discret en début d'année. Et c'est vrai qu'au fur et à mesure, tu es venue vers moi, tu as demandé de l'aide, et ça, c'est vraiment quelque chose, un levier, je dirais, sur lequel tu pourras t'appuyer. Et dans d'autres matières où tu es en difficulté, n'hésite pas à le faire.
- Speaker #2
La plus grosse difficulté que je rencontre, c'est sur l'organisation, parce que comme il faut que les élèves soient présents, on l'organise autour des temps au collège, c'est-à-dire de 15h à 17h généralement. Le problème, c'est que les élèves, normalement, en cours à cette heure-là, ou d'autres enseignants qui... assistent au conseil de classe sont aussi courts, donc ça libère des classes de cours. Et en fait, on ne le fait qu'en sixième parce que ça prend sinon trop de créneaux. Je sais que les équipes auraient aimé aussi le mettre au niveau troisième parce qu'on sent bien l'importance du conseil de classe participatif dans l'engagement de l'élève. Et en troisième, ça serait vraiment chouette de le faire avec tout ce qui est orientation. Alors l'après est plus difficile, on est toujours en train de le travailler actuellement parce que ce n'est pas forcément évident. Un élève oublie, comme n'importe quelle personne, l'oubli est biologique. Donc, il va falloir effectivement lui rappeler souvent ses objectifs et qu'il se repositionne par rapport à ses objectifs. Et toujours lui demander, finalement, tu as ça comme objectif, mais comment tu vas faire pour l'atteindre ? Et ça, le rappeler régulièrement permet de pouvoir ancrer l'objectif et d'avoir, du coup, une meilleure progression. En classe de sixième, on l'a déjà fait l'année dernière, il y a deux ans, pardon, où on a fait venir les parents en même temps que leurs enfants. En fait, les parents... écoutent leurs enfants, faire le bilan, et ils ont le droit aussi d'échanger avec nous. Et là, c'est le top du top. Parce que là, on a et l'engagement de l'enfant, et le parent à côté qui écoute son enfant. Et c'est vraiment que de la valorisation de l'élève, en fait. J'aimerais bien le refaire.
- Speaker #7
Je travaille bien en classe et à la maison. Je participe beaucoup. Et je m'entraîne régulièrement. Et même si des fois c'est compliqué, je baisse pas les bras.
- Speaker #2
Et tes difficultés ?
- Speaker #7
Bah c'est le bavardage. J'arrive pas trop à me concentrer.
- Speaker #2
Et quel objectif tu te donnerais pour l'année prochaine ?
- Speaker #7
De rester plus concentrée.
- Speaker #2
Comment tu pourrais faire ?
- Speaker #7
Bah, me mettre pas avec des personnes que j'aime bien forcément à côté.
- Speaker #2
Ok. T'isoler peut-être ?
- Speaker #7
Oui. Te mettre tout devant ? Dans une bulle un peu.
- Speaker #2
J'ai à chaque fois envie de pleurer quand je sors de ce conseil de classe parce que il m'impressionne vraiment les plus timides qui osent parler, qui osent dire leurs fragilités, leurs difficultés, comment ils vont faire pour progresser, c'est magnifique. et même les plus difficiles. Les élèves qui sont souvent bavards, où on est souvent en colère, fâchés, parce que parfois ils peuvent être difficiles pendant une séance, quand on les voit comme ça, on se dit qu'on a tout gagné, parce qu'on a réussi à leur faire prendre conscience de cette difficulté. Alors bien sûr, ils ne vont pas devenir parfaits du jour au lendemain, mais ils sont là et ils s'expriment. Et rien que ça, c'est magnifique. Je suis vraiment très fière de mes élèves.
- Speaker #8
Vous venez d'écouter un épisode des énergies scolaires. Si ça s'est bien passé, n'hésitez pas à laisser un avis sur votre plateforme d'écoute. A bientôt sur Extra classe, une production Réseau Canopée 2025.