- Speaker #0
Bienvenue dans les énergies scolaires, épisode 148.
- Speaker #1
Extra classe. Je m'appelle Léna Picard, je suis enseignante et directrice en école maternelle à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, ça se trouve à côté de Lyon.
- Speaker #0
L'école, on en parle beaucoup, mais est-ce qu'on l'écoute vraiment ? Les énergies scolaires.
- Speaker #1
En début d'après-midi, à l'école, tout le monde est au repos. Certains enfants sont déjà en couchette, et puis il y en a d'autres qui arrivent du deuxième service et qui vont aussi aller à la couchette, notamment les moyens. Et puis les grands, eux aussi, ils rentrent calmement dans la classe pour profiter d'ateliers repos. Il n'y a pas de bruit, c'est vraiment très calme et serein. Mon équipe et moi, nous avons mis en place depuis trois ans maintenant un projet, une réflexion autour de la sieste et du temps de repos qu'on a appelé tout simplement projet sommeil. Donc ça fait suite à une conférence qu'on a eue en animation pédagogique avec Stéphanie Mazat, qui est une chercheuse dans ce domaine et puis qui faisait écho par rapport à des problématiques qu'on rencontrait au niveau de l'école. Notamment des enfants qui étaient fatigués, les enfants en chaîne La garderie, l'école, la cantine, l'étape, le périscolaire, le mercredi aussi. Donc on ressentait vraiment cette fatigue. Beaucoup d'excitation du coup quand on rentrait en classe. Donc il nécessitait à l'enseignant de faire redescendre tout ça. Beaucoup de tension aussi avec les enfants, des petites chamailleries. On pouvait avoir des soucis de communication avec les parents puisque pour eux le temps de sieste c'était un temps perdu. pas important, ça pouvait générer quelques tensions. Et puis on avait aussi cette réflexion par rapport aux grands. Certains souhaitaient encore dormir, d'autres pas du tout. Et ce qu'on leur proposait, on n'était pas forcément très satisfaits. Alors c'est vrai que la sieste, il n'y a pas de texte législatif qui encadre ce moment. On sait que pour les petites sections, c'est plus normal d'aller faire la sieste. Et puis après, au-delà de la petite section, là, ça devient beaucoup plus flou. Donc, en fonction des années ou des inspecteurs, on peut avoir des directives ou des recommandations différentes avec des moyens qui vont aller se coucher jusqu'à Toussaint ou en décembre. Et puis, après, il faudra les lever. Un des axes de notre projet d'école, c'est vraiment créer un climat propice aux apprentissages en prenant en compte le rythme, le développement et le bien-être de l'enfant. Et il me semble que c'est aussi important de penser aussi au contexte dans lequel se font les apprentissages. Voilà, si un enfant est très fatigué, eh bien, il n'y a rien qui va pouvoir rentrer, parce qu'il est déjà rempli de sommeil et de fatigue. Donc, on aura beau essayer, il n'est pas disponible. Le gros dodo, ça fait du bien ? L'école de Saint-Cyr s'est lancée avec Stéphanie Mazat dans ce projet de recherche à action. Qu'est-ce que c'est que la recherche à action ? C'est d'un côté une chercheuse qui va continuer ses expérimentations et puis d'un autre côté des écoles qui vont mettre en pratique tous ces conseils. pour voir un petit peu l'impact que ça a. Et puis voilà, c'est des échanges parce qu'on lui fait aussi remonter, voir si c'est concordant nos résultats ou à l'inverse, on se nourrit l'un de l'autre en fait. Donc aujourd'hui, c'était chouette parce que Stéphanie Mazat est venue à l'école. On a eu des échanges téléphoniques, par mail, etc. Mais elle n'avait jamais eu l'occasion de venir dans l'école et de voir un petit peu... comment on avait mis en place tous ces conseils au sein de l'école, l'installation dans les couchettes et le reste. Parce qu'au-delà de l'organisation, il y a eu aussi tout un travail pédagogique qui a été fait dans les classes. Par rapport à l'expérimentation, avec la petite montre dont tu parlais tout à l'heure, est-ce qu'il y a déjà eu une analyse de ces résultats, un petit retour ou pas encore ?
- Speaker #0
C'est un petit teasing parce que les données sont en cours de traitement. Ce qu'on a commencé à regarder, c'était le lien entre le temps de sieste et le sommeil de nuit. Et on s'est rendu compte que quand les enfants faisaient une sieste d'1h30, finalement, ça ne modifie pas grand-chose, puisque ça retarde le coucher de 14 minutes uniquement. Donc, c'est très intéressant. C'est pas beau. Donc, il vaut mieux avoir 1h30 en plus, puisque les recommandations disent qu'à cet âge-là, il faut quand même un volume très conséquent de sommeil. On est vraiment sur 8 à 10 heures de sommeil par 24 heures. Donc ce temps de sieste, là, il est absolument encore nécessaire et il a très peu d'impact sur le sommeil de nuit.
- Speaker #1
On a deux leviers pour travailler un petit peu le sommeil à l'école. Donc on a vraiment cet aspect organisation, créer ce climat favorable, donc déjà des couchettes, quelque chose de confortable, avec leur petit espace, ce dont ils ont besoin, un oreiller, une sucette, un doudou, une petite couverture. Ça c'est vraiment adapté en fonction de chaque enfant. Il y a aussi tout le rituel d'endormissement. Les enfants vont tranquillement aux toilettes, ils enlèvent leurs chaussures. Les rideaux sont fermés, donc on est vraiment dans la pénombre. Ils rentrent en silence dans la couchette. Le second levier, je pense qu'il est plus au niveau pédagogique. On a mis en place ce qu'on appelle un livret du sommeil sur chaque première période de l'année. Donc on a fait une progression, ce livret du sommeil, les enfants l'ont de la petite à la grande section, et à chaque fois on aborde des thèmes différents, notamment déjà les activités jour-nuit, le déroulé d'une journée, prendre conscience de tout ça, de la fatigue également, le travail autour des billes de sommeil, le sommeil également des animaux, différentes choses artistiques, les ateliers philo, voilà, tout ce travail qu'on a mené en pédagogie. intègre ce livret du sommeil. Ça permet de faire le lien aussi avec les familles. Et vraiment, ce n'est plus un sujet à débat, le sommeil à l'école. Et comme on en parle régulièrement, on en parle avec les enfants, quand il y a des questions des parents, on fait toujours référence à ce projet, à l'intérêt dans les apprentissages. Je trouve que même de plus en plus, ils sont plutôt partie prenante.
- Speaker #0
Et est-ce que ce temps de sieste, quelque part, il te met en difficulté pour les apprentissages par la suite ?
- Speaker #1
En fait, c'est aussi nous, notre posture d'enseignant, il faut qu'on change ce lâcher-prise sur tout ce que j'ai à leur faire découvrir, apprendre cette année. Et puis du coup, ils arrivent tard de la sieste, j'ai moins de temps. Et donc ça, c'est un lâcher-prise. Et je pense que ce travail, on l'a fait au début de notre expérimentation, quand on s'est lancé dans le projet, parce que c'était un peu compliqué. Surtout que nous, on est sur un rythme à quatre jours et demi, donc l'après-midi est plus court. On voit le bénéfice. dans les apprentissages parce qu'ils sont beaucoup plus disponibles. Donc,
- Speaker #0
tu passes moins de temps.
- Speaker #1
Donc, finalement, voilà, c'est aussi gagnant-gagnant. Je pense qu'ils n'ont pas pris plus de retard que les années précédentes. Je ne sais pas si c'est l'école de l'apaisement, mais une chose est sûre, c'est que l'école de Saint-Cyr a gagné en apaisement. Et donc, je suis assez fière de ce qui a été mené. Et quand je vois, en fait, le retour même des parents, des enfants, je me dis, c'est... Je suis vraiment contente qu'on ait pu mener à bien ce projet et qu'on essaye de le faire vivre encore chaque année.
- Speaker #0
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