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Une langue régionale en maternelle : l'alsacien - Les Énergies scolaires #150

Une langue régionale en maternelle : l'alsacien - Les Énergies scolaires #150

07min |04/12/2024
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Description

Renouer avec ses racines et transmettre sa langue régionale maternelle après de nombreuses années d’enseignement ? C’est ce que la loi du 21 mai 2021, relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, a permis à Pascale Riehl, enseignante en maternelle à l’école des Tulipes de Colmar, de réaliser. L’alsacien est devenu le quotidien de ses élèves, dont l’enseignement est à 75 % en alsacien et allemand et 25 % en français. En apprenant ce dialecte en voie de disparition, les enfants renouent avec une culture et une identité régionales dont les anciennes générations sont encore imprégnées.

  • Plarela, une plateforme de ressources linguistiques et culturelles régionales en allemand et alsacien, rectorat de l’académie de Strasbourg.

Émission préparée et réalisée par : Mathilde Fénétrier et Sarah Eichhoff
Directrice de publication : Marie-Caroline Missir
Coordination et production : Hervé Turri, Luc Taramini, Magali Devance
Mixage : Mateo Piret
Voix additionnelle : Magali Devance

© Réseau Canopé, 2024


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Bienvenue dans les énergies scolaires, épisode 150. Extra classe. Je m'appelle Pascale Rille, je travaille à Colmar à l'école des Tulipes, en classe immersive alsacien avec un niveau de petite moyenne sexuelle. L'école, on en parle beaucoup, mais est-ce qu'on l'écoute vraiment ? Les énergies scolaires. Bonjour ! Tu vas bien ? Oui, je suis en bonne forme ? Oui, je suis en bonne forme. Ah, c'est bien ! Tu es bien, et toi ? Bonjour, Clélia ! Comment vas-tu ? Bonjour ! Alors, moi je suis née dans une famille alsacienne, dans un tout petit village de 400 habitants. Tout le monde parlait l'alsacien, donc je n'ai jamais entendu de français avant mes trois ans. Je me souviens de mon entrée en maternelle, c'était un choc. Parce que je me suis retrouvée, comme peut-être les enfants cette année, se sont retrouvées le matin en immersif dans une langue qu'ils ne comprennent pas. Mais c'est allé très vite, parce qu'au bout d'une année, moi j'ai parlé très vite le français. Alors ce qui est intéressant avec un parcours immersif sur l'Alsace, c'est que nous avons actuellement quatre classes qui se sont lancées dans ce beau projet. C'est une chance, parce que ça ne s'est jamais pratiqué avant. C'est la première année pour nous dans l'éducation nationale. Ce qui me plaît beaucoup, c'est qu'avant, j'ai pu expérimenter pendant sept ans dans un cursus bilingue la partie française et allemande avec des classes. Et mon poste se dénommait LCR, langue et culture régionale. Et là, j'avais un petit souci éthique, parce qu'enseigner de l'allemand avec le terme langue et culture régionale, ça ne collait pas. Et quand on m'a proposé, du coup, d'enseigner vraiment ma langue régionale, j'ai sauté sur l'occasion, parce que là, j'enseigne dans ma langue régionale. en référence bien sûr avec l'allemand qui est l'écrit standard par rapport à l'alsacien. Il y a une grammaire qui existe en alsacien qui suit la même grammaire que l'allemand. Mais les gens ne l'ont pas forcément intégrée en tant que telle parce qu'on le parle, c'est vraiment une langue parlée. Elle a peu évolué depuis des siècles. On a à peu près une thèse parlée dialecto, si on voudrait les qualifier. mais avec des variations même à l'intérieur de ces 13 bassins. Ce qui fait qu'en termes d'éducation nationale, d'école, de parcours, nous nous sommes mis en accord, les quatre classes, pour utiliser vraiment l'allemand standard écrit comme référent. Les albums, les livres, l'écrit en allemand. Mais pour l'oralité, les déplacements, les jeux, ça restera beaucoup, beaucoup d'oralité en alsacien. C'est... C'est... Good ! 75% d'Allemands et Alsaciens dans ce type de parcours avec une volonté pour ma part de parler que la langue régionale le matin, ça a été quand même complexe au départ parce que les enfants pouvaient se sentir démunis ou noyés peut-être sur la première semaine. Neuf enfants avec une récréation à 11 heures qui vous regardent les yeux globuleux et qui se disent mais qu'est-ce qui se passe ici ? Et ça, ça a été complexe parce que mettre du lien et les ramener très rapidement dans des choses concrètes, compréhensibles, où ils aient un intérêt avec des trois ans, c'est un sacré défi. Parce qu'un enfant a trois ans, s'il n'a pas envie, il vous le fait sentir. Et là, d'amener une motivation, une envie, et quelque chose qui ne s'est qu'enrichi depuis le départ, c'est super. Mais c'était compliqué. Je suis Pascale. On dit. Je suis l'Eliott. Je suis l'Eliott. Je suis l'Eliott. Je suis un maïdel. Je suis un maïdel. Et toi ? Je suis un dame. Un peu. Même les petits répètent des structures complexes. Ça, c'est le socle qui permettra ensuite de compléter, d'enrichir et d'aller beaucoup plus loin dans les années à venir. Mais si on a déjà ce... Dès l'accueil, ces moments de locution, ces moments d'échanges, de réels échanges entre eux et moi, je trouve que c'est fantastique. Transmettre l'alsacien à la nouvelle génération, c'est un joli pari. Ils seront riches de quelque chose de neuf et de différent. Une participation effective des élèves. Les enfants distinguent bien quand je suis en alsacien et quand je suis en allemand. Ils sont capables, par exemple pour le mot cochon, de dire tzöi en alsacien ou das Schwein ça, ça m'épate, pour des enfants qui ne sont pas locuteurs de naissance en alsacien. On va vacher le sang et les vaches Vacher, vacher, vacher, clotcher Vacher, vacher, vacher, clotcher Dès les premières semaines, il y a des petites anecdotes rigolotes qui sont apparues. Clélia, par exemple, qui dit Bonjour maîtresse, je vais vacher les hannes et je reviens ou un autre enfant qui me dit Je vais entiner la veste et ustiner les chaussures Je trouve que le mix est magnifique, même si ça contredit ce que j'ai dit au préalable, qu'il ne switche pas au niveau des langues, ça reste quand même des anecdotes bien sympathiques qui nous motivent pour continuer l'expérimentation. On a la chance de vivre en Europe. Je trouve que c'est fantastique le cadre de vie qu'on a, les choix de vie qu'on peut avoir, tout ce qu'on peut faire en Europe. Et en même temps, la langue régionale, c'est notre terreau, c'est mes pieds, c'est mes racines. Ça fait partie de ma façon de m'exprimer, vous l'entendez à mon accent, ça fait partie de mes expressions, de ma façon d'être, je ne peux pas le nier. C'est ma langue régionale, mais ça n'empêche pas que je sois française et européenne dans le cœur. Il n'y a pas de séparation possible, c'est les trois à la fois. La chaleur de la classe revient à la langue de cœur. Je crois que c'est vraiment une langue qui amène une rondeur, quelque chose de rond comme un bonbon, de chaleureux et de cocon. Alors je ne sais pas l'expliquer réellement pourquoi, mais c'est cet aspect poétique imagé que je... croient qu'ils ressentent à travers ma personne, mais aussi peut-être eux-mêmes déjà en s'amusant dans les jeux de langues entre eux. En Alsacien, je trouve qu'il y a des choses qu'on ne peut pas transcrire. Il y a une gamme de nuances. C'est de la broderie, c'est fin. Je vibre dans cette langue-là. Vous venez d'écouter un épisode des Énergies scolaires. Si ça s'est bien passé, n'hésitez pas à laisser un avis sur votre plateforme d'écoute. A bientôt sur Extra Class, une production Réseau Canopé 2024. Extra Classe

Description

Renouer avec ses racines et transmettre sa langue régionale maternelle après de nombreuses années d’enseignement ? C’est ce que la loi du 21 mai 2021, relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, a permis à Pascale Riehl, enseignante en maternelle à l’école des Tulipes de Colmar, de réaliser. L’alsacien est devenu le quotidien de ses élèves, dont l’enseignement est à 75 % en alsacien et allemand et 25 % en français. En apprenant ce dialecte en voie de disparition, les enfants renouent avec une culture et une identité régionales dont les anciennes générations sont encore imprégnées.

  • Plarela, une plateforme de ressources linguistiques et culturelles régionales en allemand et alsacien, rectorat de l’académie de Strasbourg.

Émission préparée et réalisée par : Mathilde Fénétrier et Sarah Eichhoff
Directrice de publication : Marie-Caroline Missir
Coordination et production : Hervé Turri, Luc Taramini, Magali Devance
Mixage : Mateo Piret
Voix additionnelle : Magali Devance

© Réseau Canopé, 2024


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Bienvenue dans les énergies scolaires, épisode 150. Extra classe. Je m'appelle Pascale Rille, je travaille à Colmar à l'école des Tulipes, en classe immersive alsacien avec un niveau de petite moyenne sexuelle. L'école, on en parle beaucoup, mais est-ce qu'on l'écoute vraiment ? Les énergies scolaires. Bonjour ! Tu vas bien ? Oui, je suis en bonne forme ? Oui, je suis en bonne forme. Ah, c'est bien ! Tu es bien, et toi ? Bonjour, Clélia ! Comment vas-tu ? Bonjour ! Alors, moi je suis née dans une famille alsacienne, dans un tout petit village de 400 habitants. Tout le monde parlait l'alsacien, donc je n'ai jamais entendu de français avant mes trois ans. Je me souviens de mon entrée en maternelle, c'était un choc. Parce que je me suis retrouvée, comme peut-être les enfants cette année, se sont retrouvées le matin en immersif dans une langue qu'ils ne comprennent pas. Mais c'est allé très vite, parce qu'au bout d'une année, moi j'ai parlé très vite le français. Alors ce qui est intéressant avec un parcours immersif sur l'Alsace, c'est que nous avons actuellement quatre classes qui se sont lancées dans ce beau projet. C'est une chance, parce que ça ne s'est jamais pratiqué avant. C'est la première année pour nous dans l'éducation nationale. Ce qui me plaît beaucoup, c'est qu'avant, j'ai pu expérimenter pendant sept ans dans un cursus bilingue la partie française et allemande avec des classes. Et mon poste se dénommait LCR, langue et culture régionale. Et là, j'avais un petit souci éthique, parce qu'enseigner de l'allemand avec le terme langue et culture régionale, ça ne collait pas. Et quand on m'a proposé, du coup, d'enseigner vraiment ma langue régionale, j'ai sauté sur l'occasion, parce que là, j'enseigne dans ma langue régionale. en référence bien sûr avec l'allemand qui est l'écrit standard par rapport à l'alsacien. Il y a une grammaire qui existe en alsacien qui suit la même grammaire que l'allemand. Mais les gens ne l'ont pas forcément intégrée en tant que telle parce qu'on le parle, c'est vraiment une langue parlée. Elle a peu évolué depuis des siècles. On a à peu près une thèse parlée dialecto, si on voudrait les qualifier. mais avec des variations même à l'intérieur de ces 13 bassins. Ce qui fait qu'en termes d'éducation nationale, d'école, de parcours, nous nous sommes mis en accord, les quatre classes, pour utiliser vraiment l'allemand standard écrit comme référent. Les albums, les livres, l'écrit en allemand. Mais pour l'oralité, les déplacements, les jeux, ça restera beaucoup, beaucoup d'oralité en alsacien. C'est... C'est... Good ! 75% d'Allemands et Alsaciens dans ce type de parcours avec une volonté pour ma part de parler que la langue régionale le matin, ça a été quand même complexe au départ parce que les enfants pouvaient se sentir démunis ou noyés peut-être sur la première semaine. Neuf enfants avec une récréation à 11 heures qui vous regardent les yeux globuleux et qui se disent mais qu'est-ce qui se passe ici ? Et ça, ça a été complexe parce que mettre du lien et les ramener très rapidement dans des choses concrètes, compréhensibles, où ils aient un intérêt avec des trois ans, c'est un sacré défi. Parce qu'un enfant a trois ans, s'il n'a pas envie, il vous le fait sentir. Et là, d'amener une motivation, une envie, et quelque chose qui ne s'est qu'enrichi depuis le départ, c'est super. Mais c'était compliqué. Je suis Pascale. On dit. Je suis l'Eliott. Je suis l'Eliott. Je suis l'Eliott. Je suis un maïdel. Je suis un maïdel. Et toi ? Je suis un dame. Un peu. Même les petits répètent des structures complexes. Ça, c'est le socle qui permettra ensuite de compléter, d'enrichir et d'aller beaucoup plus loin dans les années à venir. Mais si on a déjà ce... Dès l'accueil, ces moments de locution, ces moments d'échanges, de réels échanges entre eux et moi, je trouve que c'est fantastique. Transmettre l'alsacien à la nouvelle génération, c'est un joli pari. Ils seront riches de quelque chose de neuf et de différent. Une participation effective des élèves. Les enfants distinguent bien quand je suis en alsacien et quand je suis en allemand. Ils sont capables, par exemple pour le mot cochon, de dire tzöi en alsacien ou das Schwein ça, ça m'épate, pour des enfants qui ne sont pas locuteurs de naissance en alsacien. On va vacher le sang et les vaches Vacher, vacher, vacher, clotcher Vacher, vacher, vacher, clotcher Dès les premières semaines, il y a des petites anecdotes rigolotes qui sont apparues. Clélia, par exemple, qui dit Bonjour maîtresse, je vais vacher les hannes et je reviens ou un autre enfant qui me dit Je vais entiner la veste et ustiner les chaussures Je trouve que le mix est magnifique, même si ça contredit ce que j'ai dit au préalable, qu'il ne switche pas au niveau des langues, ça reste quand même des anecdotes bien sympathiques qui nous motivent pour continuer l'expérimentation. On a la chance de vivre en Europe. Je trouve que c'est fantastique le cadre de vie qu'on a, les choix de vie qu'on peut avoir, tout ce qu'on peut faire en Europe. Et en même temps, la langue régionale, c'est notre terreau, c'est mes pieds, c'est mes racines. Ça fait partie de ma façon de m'exprimer, vous l'entendez à mon accent, ça fait partie de mes expressions, de ma façon d'être, je ne peux pas le nier. C'est ma langue régionale, mais ça n'empêche pas que je sois française et européenne dans le cœur. Il n'y a pas de séparation possible, c'est les trois à la fois. La chaleur de la classe revient à la langue de cœur. Je crois que c'est vraiment une langue qui amène une rondeur, quelque chose de rond comme un bonbon, de chaleureux et de cocon. Alors je ne sais pas l'expliquer réellement pourquoi, mais c'est cet aspect poétique imagé que je... croient qu'ils ressentent à travers ma personne, mais aussi peut-être eux-mêmes déjà en s'amusant dans les jeux de langues entre eux. En Alsacien, je trouve qu'il y a des choses qu'on ne peut pas transcrire. Il y a une gamme de nuances. C'est de la broderie, c'est fin. Je vibre dans cette langue-là. Vous venez d'écouter un épisode des Énergies scolaires. Si ça s'est bien passé, n'hésitez pas à laisser un avis sur votre plateforme d'écoute. A bientôt sur Extra Class, une production Réseau Canopé 2024. Extra Classe

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Renouer avec ses racines et transmettre sa langue régionale maternelle après de nombreuses années d’enseignement ? C’est ce que la loi du 21 mai 2021, relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, a permis à Pascale Riehl, enseignante en maternelle à l’école des Tulipes de Colmar, de réaliser. L’alsacien est devenu le quotidien de ses élèves, dont l’enseignement est à 75 % en alsacien et allemand et 25 % en français. En apprenant ce dialecte en voie de disparition, les enfants renouent avec une culture et une identité régionales dont les anciennes générations sont encore imprégnées.

  • Plarela, une plateforme de ressources linguistiques et culturelles régionales en allemand et alsacien, rectorat de l’académie de Strasbourg.

Émission préparée et réalisée par : Mathilde Fénétrier et Sarah Eichhoff
Directrice de publication : Marie-Caroline Missir
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  • Bienvenue dans les énergies scolaires, épisode 150. Extra classe. Je m'appelle Pascale Rille, je travaille à Colmar à l'école des Tulipes, en classe immersive alsacien avec un niveau de petite moyenne sexuelle. L'école, on en parle beaucoup, mais est-ce qu'on l'écoute vraiment ? Les énergies scolaires. Bonjour ! Tu vas bien ? Oui, je suis en bonne forme ? Oui, je suis en bonne forme. Ah, c'est bien ! Tu es bien, et toi ? Bonjour, Clélia ! Comment vas-tu ? Bonjour ! Alors, moi je suis née dans une famille alsacienne, dans un tout petit village de 400 habitants. Tout le monde parlait l'alsacien, donc je n'ai jamais entendu de français avant mes trois ans. Je me souviens de mon entrée en maternelle, c'était un choc. Parce que je me suis retrouvée, comme peut-être les enfants cette année, se sont retrouvées le matin en immersif dans une langue qu'ils ne comprennent pas. Mais c'est allé très vite, parce qu'au bout d'une année, moi j'ai parlé très vite le français. Alors ce qui est intéressant avec un parcours immersif sur l'Alsace, c'est que nous avons actuellement quatre classes qui se sont lancées dans ce beau projet. C'est une chance, parce que ça ne s'est jamais pratiqué avant. C'est la première année pour nous dans l'éducation nationale. Ce qui me plaît beaucoup, c'est qu'avant, j'ai pu expérimenter pendant sept ans dans un cursus bilingue la partie française et allemande avec des classes. Et mon poste se dénommait LCR, langue et culture régionale. Et là, j'avais un petit souci éthique, parce qu'enseigner de l'allemand avec le terme langue et culture régionale, ça ne collait pas. Et quand on m'a proposé, du coup, d'enseigner vraiment ma langue régionale, j'ai sauté sur l'occasion, parce que là, j'enseigne dans ma langue régionale. en référence bien sûr avec l'allemand qui est l'écrit standard par rapport à l'alsacien. Il y a une grammaire qui existe en alsacien qui suit la même grammaire que l'allemand. Mais les gens ne l'ont pas forcément intégrée en tant que telle parce qu'on le parle, c'est vraiment une langue parlée. Elle a peu évolué depuis des siècles. On a à peu près une thèse parlée dialecto, si on voudrait les qualifier. mais avec des variations même à l'intérieur de ces 13 bassins. Ce qui fait qu'en termes d'éducation nationale, d'école, de parcours, nous nous sommes mis en accord, les quatre classes, pour utiliser vraiment l'allemand standard écrit comme référent. Les albums, les livres, l'écrit en allemand. Mais pour l'oralité, les déplacements, les jeux, ça restera beaucoup, beaucoup d'oralité en alsacien. C'est... C'est... Good ! 75% d'Allemands et Alsaciens dans ce type de parcours avec une volonté pour ma part de parler que la langue régionale le matin, ça a été quand même complexe au départ parce que les enfants pouvaient se sentir démunis ou noyés peut-être sur la première semaine. Neuf enfants avec une récréation à 11 heures qui vous regardent les yeux globuleux et qui se disent mais qu'est-ce qui se passe ici ? Et ça, ça a été complexe parce que mettre du lien et les ramener très rapidement dans des choses concrètes, compréhensibles, où ils aient un intérêt avec des trois ans, c'est un sacré défi. Parce qu'un enfant a trois ans, s'il n'a pas envie, il vous le fait sentir. Et là, d'amener une motivation, une envie, et quelque chose qui ne s'est qu'enrichi depuis le départ, c'est super. Mais c'était compliqué. Je suis Pascale. On dit. Je suis l'Eliott. Je suis l'Eliott. Je suis l'Eliott. Je suis un maïdel. Je suis un maïdel. Et toi ? Je suis un dame. Un peu. Même les petits répètent des structures complexes. Ça, c'est le socle qui permettra ensuite de compléter, d'enrichir et d'aller beaucoup plus loin dans les années à venir. Mais si on a déjà ce... Dès l'accueil, ces moments de locution, ces moments d'échanges, de réels échanges entre eux et moi, je trouve que c'est fantastique. Transmettre l'alsacien à la nouvelle génération, c'est un joli pari. Ils seront riches de quelque chose de neuf et de différent. Une participation effective des élèves. Les enfants distinguent bien quand je suis en alsacien et quand je suis en allemand. Ils sont capables, par exemple pour le mot cochon, de dire tzöi en alsacien ou das Schwein ça, ça m'épate, pour des enfants qui ne sont pas locuteurs de naissance en alsacien. On va vacher le sang et les vaches Vacher, vacher, vacher, clotcher Vacher, vacher, vacher, clotcher Dès les premières semaines, il y a des petites anecdotes rigolotes qui sont apparues. Clélia, par exemple, qui dit Bonjour maîtresse, je vais vacher les hannes et je reviens ou un autre enfant qui me dit Je vais entiner la veste et ustiner les chaussures Je trouve que le mix est magnifique, même si ça contredit ce que j'ai dit au préalable, qu'il ne switche pas au niveau des langues, ça reste quand même des anecdotes bien sympathiques qui nous motivent pour continuer l'expérimentation. On a la chance de vivre en Europe. Je trouve que c'est fantastique le cadre de vie qu'on a, les choix de vie qu'on peut avoir, tout ce qu'on peut faire en Europe. Et en même temps, la langue régionale, c'est notre terreau, c'est mes pieds, c'est mes racines. Ça fait partie de ma façon de m'exprimer, vous l'entendez à mon accent, ça fait partie de mes expressions, de ma façon d'être, je ne peux pas le nier. C'est ma langue régionale, mais ça n'empêche pas que je sois française et européenne dans le cœur. Il n'y a pas de séparation possible, c'est les trois à la fois. La chaleur de la classe revient à la langue de cœur. Je crois que c'est vraiment une langue qui amène une rondeur, quelque chose de rond comme un bonbon, de chaleureux et de cocon. Alors je ne sais pas l'expliquer réellement pourquoi, mais c'est cet aspect poétique imagé que je... croient qu'ils ressentent à travers ma personne, mais aussi peut-être eux-mêmes déjà en s'amusant dans les jeux de langues entre eux. En Alsacien, je trouve qu'il y a des choses qu'on ne peut pas transcrire. Il y a une gamme de nuances. C'est de la broderie, c'est fin. Je vibre dans cette langue-là. Vous venez d'écouter un épisode des Énergies scolaires. Si ça s'est bien passé, n'hésitez pas à laisser un avis sur votre plateforme d'écoute. A bientôt sur Extra Class, une production Réseau Canopé 2024. Extra Classe

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Renouer avec ses racines et transmettre sa langue régionale maternelle après de nombreuses années d’enseignement ? C’est ce que la loi du 21 mai 2021, relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, a permis à Pascale Riehl, enseignante en maternelle à l’école des Tulipes de Colmar, de réaliser. L’alsacien est devenu le quotidien de ses élèves, dont l’enseignement est à 75 % en alsacien et allemand et 25 % en français. En apprenant ce dialecte en voie de disparition, les enfants renouent avec une culture et une identité régionales dont les anciennes générations sont encore imprégnées.

  • Plarela, une plateforme de ressources linguistiques et culturelles régionales en allemand et alsacien, rectorat de l’académie de Strasbourg.

Émission préparée et réalisée par : Mathilde Fénétrier et Sarah Eichhoff
Directrice de publication : Marie-Caroline Missir
Coordination et production : Hervé Turri, Luc Taramini, Magali Devance
Mixage : Mateo Piret
Voix additionnelle : Magali Devance

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Bienvenue dans les énergies scolaires, épisode 150. Extra classe. Je m'appelle Pascale Rille, je travaille à Colmar à l'école des Tulipes, en classe immersive alsacien avec un niveau de petite moyenne sexuelle. L'école, on en parle beaucoup, mais est-ce qu'on l'écoute vraiment ? Les énergies scolaires. Bonjour ! Tu vas bien ? Oui, je suis en bonne forme ? Oui, je suis en bonne forme. Ah, c'est bien ! Tu es bien, et toi ? Bonjour, Clélia ! Comment vas-tu ? Bonjour ! Alors, moi je suis née dans une famille alsacienne, dans un tout petit village de 400 habitants. Tout le monde parlait l'alsacien, donc je n'ai jamais entendu de français avant mes trois ans. Je me souviens de mon entrée en maternelle, c'était un choc. Parce que je me suis retrouvée, comme peut-être les enfants cette année, se sont retrouvées le matin en immersif dans une langue qu'ils ne comprennent pas. Mais c'est allé très vite, parce qu'au bout d'une année, moi j'ai parlé très vite le français. Alors ce qui est intéressant avec un parcours immersif sur l'Alsace, c'est que nous avons actuellement quatre classes qui se sont lancées dans ce beau projet. C'est une chance, parce que ça ne s'est jamais pratiqué avant. C'est la première année pour nous dans l'éducation nationale. Ce qui me plaît beaucoup, c'est qu'avant, j'ai pu expérimenter pendant sept ans dans un cursus bilingue la partie française et allemande avec des classes. Et mon poste se dénommait LCR, langue et culture régionale. Et là, j'avais un petit souci éthique, parce qu'enseigner de l'allemand avec le terme langue et culture régionale, ça ne collait pas. Et quand on m'a proposé, du coup, d'enseigner vraiment ma langue régionale, j'ai sauté sur l'occasion, parce que là, j'enseigne dans ma langue régionale. en référence bien sûr avec l'allemand qui est l'écrit standard par rapport à l'alsacien. Il y a une grammaire qui existe en alsacien qui suit la même grammaire que l'allemand. Mais les gens ne l'ont pas forcément intégrée en tant que telle parce qu'on le parle, c'est vraiment une langue parlée. Elle a peu évolué depuis des siècles. On a à peu près une thèse parlée dialecto, si on voudrait les qualifier. mais avec des variations même à l'intérieur de ces 13 bassins. Ce qui fait qu'en termes d'éducation nationale, d'école, de parcours, nous nous sommes mis en accord, les quatre classes, pour utiliser vraiment l'allemand standard écrit comme référent. Les albums, les livres, l'écrit en allemand. Mais pour l'oralité, les déplacements, les jeux, ça restera beaucoup, beaucoup d'oralité en alsacien. C'est... C'est... Good ! 75% d'Allemands et Alsaciens dans ce type de parcours avec une volonté pour ma part de parler que la langue régionale le matin, ça a été quand même complexe au départ parce que les enfants pouvaient se sentir démunis ou noyés peut-être sur la première semaine. Neuf enfants avec une récréation à 11 heures qui vous regardent les yeux globuleux et qui se disent mais qu'est-ce qui se passe ici ? Et ça, ça a été complexe parce que mettre du lien et les ramener très rapidement dans des choses concrètes, compréhensibles, où ils aient un intérêt avec des trois ans, c'est un sacré défi. Parce qu'un enfant a trois ans, s'il n'a pas envie, il vous le fait sentir. Et là, d'amener une motivation, une envie, et quelque chose qui ne s'est qu'enrichi depuis le départ, c'est super. Mais c'était compliqué. Je suis Pascale. On dit. Je suis l'Eliott. Je suis l'Eliott. Je suis l'Eliott. Je suis un maïdel. Je suis un maïdel. Et toi ? Je suis un dame. Un peu. Même les petits répètent des structures complexes. Ça, c'est le socle qui permettra ensuite de compléter, d'enrichir et d'aller beaucoup plus loin dans les années à venir. Mais si on a déjà ce... Dès l'accueil, ces moments de locution, ces moments d'échanges, de réels échanges entre eux et moi, je trouve que c'est fantastique. Transmettre l'alsacien à la nouvelle génération, c'est un joli pari. Ils seront riches de quelque chose de neuf et de différent. Une participation effective des élèves. Les enfants distinguent bien quand je suis en alsacien et quand je suis en allemand. Ils sont capables, par exemple pour le mot cochon, de dire tzöi en alsacien ou das Schwein ça, ça m'épate, pour des enfants qui ne sont pas locuteurs de naissance en alsacien. On va vacher le sang et les vaches Vacher, vacher, vacher, clotcher Vacher, vacher, vacher, clotcher Dès les premières semaines, il y a des petites anecdotes rigolotes qui sont apparues. Clélia, par exemple, qui dit Bonjour maîtresse, je vais vacher les hannes et je reviens ou un autre enfant qui me dit Je vais entiner la veste et ustiner les chaussures Je trouve que le mix est magnifique, même si ça contredit ce que j'ai dit au préalable, qu'il ne switche pas au niveau des langues, ça reste quand même des anecdotes bien sympathiques qui nous motivent pour continuer l'expérimentation. On a la chance de vivre en Europe. Je trouve que c'est fantastique le cadre de vie qu'on a, les choix de vie qu'on peut avoir, tout ce qu'on peut faire en Europe. Et en même temps, la langue régionale, c'est notre terreau, c'est mes pieds, c'est mes racines. Ça fait partie de ma façon de m'exprimer, vous l'entendez à mon accent, ça fait partie de mes expressions, de ma façon d'être, je ne peux pas le nier. C'est ma langue régionale, mais ça n'empêche pas que je sois française et européenne dans le cœur. Il n'y a pas de séparation possible, c'est les trois à la fois. La chaleur de la classe revient à la langue de cœur. Je crois que c'est vraiment une langue qui amène une rondeur, quelque chose de rond comme un bonbon, de chaleureux et de cocon. Alors je ne sais pas l'expliquer réellement pourquoi, mais c'est cet aspect poétique imagé que je... croient qu'ils ressentent à travers ma personne, mais aussi peut-être eux-mêmes déjà en s'amusant dans les jeux de langues entre eux. En Alsacien, je trouve qu'il y a des choses qu'on ne peut pas transcrire. Il y a une gamme de nuances. C'est de la broderie, c'est fin. Je vibre dans cette langue-là. Vous venez d'écouter un épisode des Énergies scolaires. Si ça s'est bien passé, n'hésitez pas à laisser un avis sur votre plateforme d'écoute. A bientôt sur Extra Class, une production Réseau Canopé 2024. Extra Classe

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