- Extra classe
Bienvenue dans les énergies scolaires, épisode 178.
- Jérôme Manigold
Monsieur Manigold Jérôme, enseignant au collège René Cassin de Cernay, à côté de Mulhouse. J'enseigne la science physique, la technologie. Avec mon collègue de mathématiques, monsieur Guilhemard, on a déployé le Crialab sous la forme d'une option.
- Extra classe
L'école, on en parle beaucoup, mais est-ce qu'on l'écoute vraiment ? Les énergies scolaires.
- Échange avec les élèves
Est-ce qu'il y a une fusée qui serait prête à être lancée pour faire un test ? Vous avez votre fusée ? Est-ce qu'il y a suffisamment de monde là pour faire la sécurité et tout ça ?
Pour la sécurité.
Très bien.
Moi j'aime bien faire les décomptes.
Il n'y a pas de problème. L'idée du CREALAB, elle vient de plusieurs sources. La première, c'est qu'on voulait essentiellement avoir des élèves qui ne soient pas passifs en classe. C'est un constat. Et donc on veut vraiment les mettre, entre guillemets, les mains dans le cambouis. Et donc c'est pour ça qu'on a souhaité avoir une salle dédiée à la conception, la fabrication, la réalisation de projets. On veut créer des vocations. Quand on regarde, je suis professeur principal en troisième, il y a beaucoup d'élèves qui n'imaginent pas s'orienter vers des filières scientifiques et techniques. Donc ça c'était un deuxième constat. Et le troisième constat c'est par rapport aux filles. Il y a peu de filles qui nous parlent de sciences et de technologies par rapport à leurs projets professionnels d'orientation. Tout était réuni pour qu'on puisse avoir des idées sur la création de ce Créalab.
Alors, qu'est-ce qu'il faut que tu fasses ? Très bien ! Comment que ça se passe là ? Quelle est la particularité par rapport à cette journée aujourd'hui ? Il y a du vent, ouais.
Mais du coup ça va influencer quelque chose sur la fusée ? Ouais, ça va influencer, bah quoi ?
Elle va pas dévier un peu ?
Elle va dévier, mais là-bas regarde, c'est dangereux si elle dévie vers là-bas.
Non.
Ok, donc là c'est bon.
Bah il n'y a pas de danger pour la fusée.
Bon bah allez, feu, elle est partie où ?
- Jérôme Manigold
Créalab, concrètement, c'est un espace dédié à la conception, à la pensée aussi, à la conception scientifique et technique, mais pas que. C'est pour ça qu'on ne l'a pas appelé FabLab. On a des imprimantes 3D, on a une découpeuse laser au format industriel, on a un centre d'usinage et puis on a après tout ce qui est petit matériel, entre guillemets, qui permet donc de réaliser, de fabriquer. Mais on a aussi un espace dédié à la SVT avec des microscopes électroniques. On a également un espace avec un fond vert où on peut réaliser des vidéos et un banc de mixtage pour les sciences littéraires, on va dire, le français, l'anglais. Donc ça veut dire que c'est vraiment ouvert à toutes les matières. Je pense que toutes les matières y trouvent leur compte. Pendant la pause méridienne, les élèves peuvent venir... dans ce qu'on appelle le club science. Et l'idée, c'est vraiment que les élèves ne s'inscrivent pas, ils viennent quand ils en ont envie. C'est un espace ouvert où on y va parce que tiens, on a entendu parler d'un truc scientifique, et tiens, ben là j'ai lu dans un magazine qu'on peut faire avec une petite carte électronique, une petite programmation. Donc c'est vraiment, je dirais, c'est au cas par cas, et open créalable. L'autre possibilité, c'est de s'inscrire en fin de cinquième à une option. qui est dispensé deux heures pour les quatrièmes. C'est à l'image de ce qu'on peut retrouver dans les sections sportives. On a la section sciences. Et donc, dans leur emploi du temps, ils ont deux heures dédiées à la science et à la technologie au Créalab. Les élèves de quatrième suivent le cursus jusqu'en troisième. Et donc, on a l'option sciences quatrième et l'option sciences troisième. En fait, pour que l'option sciences existe, il faut qu'il y ait la parité filles-garçons. Sachant qu'on est généralement, on limite à 16 individus dans une section. Donc, il faut 8 et 8. Pour postuler, généralement on a tellement de demandes qu'on fait un entretien en fin d'année de 5e. On ne se base absolument pas sur les bulletins, on fait abstraction de tout ça. C'est juste la motivation, c'est-à-dire que l'élève vient, se présente et nous explique pourquoi il aimerait participer à cette option.
- Échange avec les élèves
Qui c'est qui s'occupe du pas de tir ? Alors tu commences par quoi ? Ça n'a pas trop l'air de marcher. Pourquoi ? Parce que regarde là ici, il n'y a pas de pression. Pression 6 bar.
Sécurité ! Sécurité ! Elle dort, elle dort ! Un, deux, trois ! Ouais !
Oui !
Comment ça se fait, elle a pris demi-tour ?
Qui c'est qui a conçu cette fusée là ? C'est qui ? Tu visais quel prof ? Tu voulais faire disparaître qui ?
- Jérôme Manigold
Les fusées à eau, c'est un peu la marque de fabrique du collège. En fait, on a eu la possibilité de faire un projet fusée à eau grâce à nos agents qui ont pu nous fabriquer le pas de tir. Parce que quand on fait des fusées à eau, la principale problématique, ce n'est pas tant la fusée, c'est surtout comment on va lancer la fusée. Donc les élèves, eux, réfléchissent surtout sur la fusée. Et grâce à ce pas de tir, on peut faire des tests. Et c'est là où c'est intéressant parce que les élèves choisissent des solutions, des hypothèses, les valident. Ça peut ne pas fonctionner, mais derrière, ils peuvent réagir en modifiant certains paramètres de leur fusée. Ça touche des domaines de la programmation, du dessin, de la conception, de la technologie, de l'aérodynamisme, des notions scientifiques, purement sciences physiques, les masses. C'est un projet hyper large, on va dire. Et donc, ils ont réfléchi sur... Au niveau balistique, sur les ailettes, sur la forme de la fusée. Et maintenant, ils réfléchissent à comment récupérer la fusée sans qu'elle soit dégradée. Donc, parachute embarqué. Ça veut dire qu'il faut trouver le système qui va permettre d'ouvrir le parachute. Et l'année dernière, par exemple, on est arrivé avec des systèmes hyper intéressants, avec de la programmation, du déclenchement à distance, avec des capteurs. Donc, c'est très vaste. Et on avait mesuré, par exemple, l'année dernière, avec des vidéos, des vitesses qui allaient atteindre sur le pas de tir. On est autour des 180 km heure. Donc ça peut être dangereux, mais on est vraiment safe parce que justement, on n'a pas de tir très bien conçu. Les élèves ont été formés, ils connaissent leur rôle et c'est hyper intéressant.
- Échange avec les élèves
Sécurité !
3, 2, 1... Wesh !
S'il te plaît, sors ! Non ! Le prénin est sorti. Le verdict, c'est quoi alors ? Il faut mettre encore plus lourd.
Il faut que tu mettes plus de poids dans le...
J'ai compris ! Le devant de la fusée, le tube est devenu trop lourd. Du coup, la fusée, elle tombe plus vite.
- Jérôme Manigold
L'intérêt aussi du Créalab, c'est vrai qu'on se rend compte que les élèves qui arrivent maintenant en sixième, n'ont plus ou n'ont pas de bagage scientifique et technique, parce que justement, dans l'élémentaire, les finalités ne sont pas forcément très scientifiques et techniques. Donc on se retrouve avec des élèves qui sont curieux, et c'est dommage en plus, on a supprimé la technologie, là je fais un peu l'avocat du diable, mais on a supprimé la technologie en sixième, et on se retrouve avec des élèves qui sont hyper volontaires, et heureusement qu'on a des structures comme ça qui permettent justement de donner à manger à des élèves qui ont faim de ce genre de discipline. On a l'exemple d'élèves qui étaient pas forcément... aucun esprit critique, scientifique ou technologique, qui avait des résultats un peu fragiles. Ces élèves-là, le début a été compliqué, pour eux comme pour nous d'ailleurs. Ils sont beaucoup plus autonomes, ils prennent des décisions et ils font des choix. On a les classes d'Ulysse qui sont juste à côté et le collègue d'Ulysse, il est très friand du Créalab et il utilise souvent le Créalab pour la conception de pièces. C'est vraiment ouvert à tout le monde et justement c'est encore un autre moyen de faire passer des notions qui peuvent être entre guillemets barbares sur les volumes des choses comme ça, qui sont très abstraites. Donc ça pour nous, je dirais que c'est la partie gagnée.
- Échange avec les élèves
Sécurité ! 3, 2... Elle est où ? Elle est où ? Elle est là-bas. Mais si, tiens ! Oui, ça va, elle est grave loin.
Qui c'est qui avait conçu cette fusée ?
Nous.
Bravo. On peut applaudir, bravo. C'est vrai ? Franchement pas mal. Alors maintenant l'idée c'est de créer un parachute pour pas la dégrader lorsqu'elle tombe.
- Jérôme Manigold
Nous quand on choisit les projets on fait pas le distinguo, on va pas dire ça sera peut-être un projet plus axé sur les filles ou sur les garçons. L'idée c'est vraiment qu'ils travaillent ensemble et on n'a jamais à choisir les groupes, ils se font naturellement, quelles que soient les tâches à accomplir. Et alors en termes d'anecdotes, je peux vous dire que par exemple l'année dernière qu'on a dû aller à Reims pour présenter notre projet, ainsi qu'à Canopée l'année dernière à Strasbourg, chaque fois qu'il fallait des volontaires, c'était les filles qui étaient le plus volontaires. Et cerise sur le gâteau, quand il fallait présenter devant un parterre de personnalités, c'était les filles d'ailleurs qui prenaient la parole. Donc c'est elles qui sont moteurs et qui trouvent les solutions et qui prennent les devants.
- Extra classe
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