Carole BergerÇa fait 25 ans que j'ai des élèves agités en éducation prioritaire renforcée, donc il a fallu mettre en place quelques stratégies. Quand on a des élèves qui arrivent et qui sont dans l'effervescence, déjà, il faut leur signifier, il faut leur dire que ce n'est pas possible. On les remet en rang, on leur demande le silence et on les fait rentrer un par un dans la classe. Ça, c'est une première stratégie simple, en leur disant bonjour avec le sourire, comme ça, ça remet les neurones miroirs en place. Ensuite, quand ils sont dans la classe et qu'il y a cette effervescence, ce brouhaha qui se met en place, On peut crier, ce n'est pas interdit. On peut bien sûr signifier et dire stop, ça suffit. Ça, c'est possible, bien sûr. Alors moi, j'ai arrêté de crier. J'ai une petite stratégie. J'ai sur mon téléphone une petite application qui est un petit dring-dring de sonnette très strident, très très fort. Et du coup, mes élèves, tout de suite, ça leur fait mal aux oreilles, donc ils s'arrêtent. Et là, je leur dis maintenant, très calmement, vous vous asseyez, on va travailler. Ma troisième stratégie, je pense qui est la meilleure, c'est d'anticiper le bruit. C'est d'anticiper le problème. En fait, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas ce bruit-là. Et une des solutions qui fonctionnent bien pour qu'il n'y ait pas ce bruit-là, c'est la mise en place de rituels. En fait, quand ils arrivent en classe, il faut tout de suite les mettre au travail avec quelque chose qu'ils ont l'habitude de faire, qu'ils connaissent. Donc moi, par exemple, j'ai des rituels de grammaire qui fonctionnent bien. Avec une petite fiche, ils arrivent, elle est au tableau et eux, ils ont chacun une petite fiche sur leur table. et c'est toujours les mêmes exercices, ils savent ce qu'ils doivent faire. stylo en main, rapidité, efficacité et clac après on corrige. Et donc ça va très très vite et ça empêche en fait les débordements. En sixième, ils ont des petits rituels qui varient. Là en ce moment, on fait le petit rituel du mot nouveau. Donc hop, on tire au sort un petit papier, quelqu'un qui vient, il y a un mot, on le met au tableau, on met la classe grammaticale, le sens du mot, on fabrique une phrase avec et hop c'est parti, c'est pareil. Voilà, donc ces petits rituels, ça permet tout de suite de mettre la classe au travail et une classe qui travaille, c'est une classe qui ne fait pas de bruit normalement. En fait, on se rend compte que les élèves dans la classe, l'activité cérébrale la plus dominante, c'est l'ennui. Ils s'ennuient toute la journée, ils ont six heures de cours assis sur une chaise, où en fait ils subissent un cours qu'ils n'ont absolument pas choisi, et donc il faut les intéresser. Donc du coup, moi j'y mets pas mal de ludique. Donc chaque fois j'essaye d'avoir un quiz, un jeu, une modalité de travail, un passage à l'oral, un petit défi. Je l'appelle comme ça, mais en fait, c'est du travail. Une classe peut être attentive et pas forcément calme. Elle est attentive parce qu'elle est pleine d'enthousiasme, pleine de rebondissements et pleine d'envie. Et une classe calme, parfois, ça peut être ennuyeux aussi pour le prof.