Laetitia LudwigsPour repérer un élève en difficulté, la première chose que je fais dans l'année, c'est que je vais consulter les différents dossiers des élèves. Je vais vérifier s'ils ont des PAP, c'est-à-dire des plans d'accompagnement personnalisé, et des PPS, c'est-à-dire un projet personnalisé de scolarisation. Ça me permet de voir un petit peu quelles sont leurs difficultés et quels sont les aménagements qui sont préconisés. Ensuite, ce qui est super important, c'est vraiment d'observer l'élève. Avant d'agir, il faut toujours une phase d'observation. Je vais utiliser souvent une grille d'observation. Je ne vais pas mettre énormément d'items. Je vais sélectionner les quelques items qui sont importants pour moi dans un premier temps. Les items peuvent être disciplinaires ou interdisciplinaires. Ça peut être la lenteur, ça peut être la fatigue, ça peut être la manipulation du matériel. C'est vraiment très varié. Il faut à chaque fois que ce soit des faits précis, quelque chose vraiment sur lequel je peux m'appuyer. Le deuxième point qui est très important, c'est de discuter avec nos collègues, savoir un petit peu ce que moi je vois en mathématiques, est-ce que le professeur de français, le professeur d'arts plastiques, est-ce qu'il perçoit la même chose ? Parfois, ça peut être lié juste à une discipline, parfois ça peut être plus interdisciplinaire et c'est là où, effectivement, les réactions vont être différentes. Dans tous les cas, ce que j'aime bien, moi, c'est dialoguer avec l'élève, de façon à comprendre un petit peu ce qui le bloque. Si, par exemple, j'ai une élève qui est très discrète, je me souviens notamment d'une élève, Je me suis assise à côté d'elle. Un coup, pendant un cours, je lui ai dit, écoute, je ne comprends pas parce que le raisonnement, tu l'as, mais tu ne participes jamais. Pourquoi ? Et en fait, elle m'a tout simplement expliqué que c'est parce qu'elle n'en avait pas envie. À ce moment-là, on voit avec elle, je lui avais donné un petit objectif : essaye déjà de participer une fois par semaine. Et petit à petit, je l'ai mise à l'aise et elle a pu participer. Vraiment, ne pas les brusquer. Allez en douceur avec eux. Parfois, c'est un peu plus compliqué. Je me souviens d'un élève, notamment, qui était très agité. Je suis allée le voir, pareil, je lui ai demandé qu'est-ce qui n'allait pas. Donc lui, c'est parce qu'il ne comprenait rien, selon lui. Donc en allant un petit peu plus loin, il a pu me dire qu'il ne comprenait pas les consignes, qu'elles étaient orales ou écrites, souvent quand elles étaient longues. Donc j'ai pu commencer à décomposer un petit peu mes consignes pour qu'il comprenne. Et là, une fois qu'on a vraiment fait un état des lieux avec les collègues, avec l'administration, avec l'élève, on peut éventuellement prendre contact avec la famille si on estime que c'est nécessaire, qu'il y a besoin d'aller un petit peu plus loin. et puis à la famille on peut conseiller: soit d'aller vers un médecin professionnel pour qu'il puisse le guider, soit on va faire un PPRE, c'est-à-dire un projet personnalisé de résultat éducatif qui est lié à une difficulté ponctuelle. L'idée, c'est vraiment de rassurer la famille et puis de les accompagner. Et surtout, on adapte sans attendre, en lien avec les aménagements de droit commun. On n'attend pas qu'il y ait quelque chose de plus formel. En gros, pour repérer un élève qui est en difficulté, on va observer, dialoguer, coopérer. Pour moi, un élève en difficulté n'est jamais un cas isolé. C'est une histoire de regards croisés, d'écoute et de bienveillance.