Sandrine DelangreLa difficulté, c'est surtout quand il y a un incident devant le groupe classe. Parce que c'est vrai qu'un incident de manière individuelle, ça va être plus facile à gérer que quand l'incident se passe devant tous les élèves de la classe. Parce qu'on a quand même un enjeu de maintenir le cadre, de maintenir la sécurité émotionnelle aussi des élèves. Moi, j'ai envie de te répondre à partir de l'aide de la communication non-violente, la CNV. Dans un premier temps, on a cette phase d'observation. Ou quand un élève va faire quelque chose, je vais en fait décrire objectivement ce qu'il a fait pour éviter d'avoir une posture d'accusation. C'est-à-dire que s'il parle pendant que je donne une consigne, par exemple, je vais lui dire « je vois que tu parles quand je donne une consigne, est-ce que tu pourrais te taire ? » Donc parler les choses objectivement, ça permet de continuer par la suite et d'éviter certains conflits. Ensuite, en CNV, on va aussi reconnaître en fait son propre sentiment, mais c'est quelque chose qu'on ne va pas dire aux élèves. Mais moi, je fais ce temps où j'essaye d'identifier ce que ça me fait pour tout de suite identifier le besoin que je vais avoir et la demande que je vais faire à l'élève. Elle va être très courte, je ne vais pas partir sur de longues phrases, il faut que ce soit clair et réalisable. Et j'ai vraiment une préférence pour faire les demandes à froid. Par exemple, s'il y a une bagarre qui se met en place dans la classe, dans le groupe, entre deux élèves, ma priorité, ça va être de séparer les élèves. Par contre, sur la séance d'après, je vais revenir sur ce qui s'est passé et là, je vais faire une demande aux élèves et je vais en rediscuter avec eux. Donc, un exemple en EPS, on est souvent confronté dans les vestiaires à des problèmes avec les groupes classe où j'ai des élèves qui se sont mis à taper, à hurler et j'ai un collègue qui est intervenu pour les arrêter. La séance d'après, j'ai fait une demande aux élèves, c'est-à-dire que je suis rentrée dans le vestiaire avec eux. Et je leur ai expliqué mon ressenti, que j'avais été vraiment mal à l'aise que mon collègue intervienne dans la classe. Et que j'avais vraiment à cœur que ce temps, cet espace qu'on leur laisse dans les vestiaires se passe bien pour que ce soit un temps pour eux en fait. Et cette demande finalement a été très bien acceptée par les élèves. Et maintenant j'ai plus de problème dans les vestiaires, ils se régulent tout de suite. Ce qu'il faut éviter c'est de régler les conflits devant la classe, devant tous les élèves. Personne ne peut perdre la face, ni l'enseignant, ni l'élève en face. Lorsqu'on m'interpelle en plein cours, je propose à l'élève qu'on en reparle à la fin du cours. Je crois que pour l'enseignant, il est nécessaire de ne pas prendre les choses personnellement. Après, on ne gère pas tout, on ne maîtrise pas tout, et il ne faut pas culpabiliser outre mesure à partir du moment où on a tout mis en place pour que les choses se passent bien. Les incidents, quelquefois, ça va donner une opportunité relationnelle avec certains élèves, avec les parents, avec d'autres personnes et finalement quelquefois c'est un mal pour un bien.